vendredi 31 mars 2017

Inscription au colloque du RSHCQ

Le RSHCQ est fier de vous accueillir à son colloque d'été, sur le thème «Les sciences humaines à l'ère de la post-vérité». Le programme complet est disponible ici.
 
Nos activités et votre séjour se concentrent en un seul même endroit: l'auberge Le Baluchon, en Mauricie, à Saint-Paulin.
 
Les frais de participation et d'hébergement incluent l'ensemble des coûts et dépenses liés à la tenue du colloque: les conférences, les ateliers, une ou deux nuitées + souper, dîners, déjeuners, collations, et la cotisation annuelle du RSHCQ.
 
- La réservation des chambres se fait donc par ce formulaire, et non auprès de l’auberge.
- Les paiements se font par chèque ou par carte de crédit (via Paypal).
 
Afin de bien compléter votre inscription, veuillez svp répondre aux questions obligatoires et faire tous les choix requis !
 
 
Si vous avez des questions, n'hésitez pas à nous joindre à rshcq@collegemv.qc.ca

jeudi 30 mars 2017

Sciences humaines dans les cégeps: un programme pilier est en révision

À titre de professeurs, mais également d’auteurs et d’acteurs impliqués dans le développement et la défense des sciences humaines au collégial, Maurice Angers et Claire Denis nous partagent leurs réflexions sur la révision de programme en cours. Vos commentaires sont les bienvenus. À noter qu’une version abrégée de ce texte est parue dans Le Devoir, le 30 mars.


* * *


Le Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec a entrepris une révision du programme collégial Sciences humaines. Une actualisation est somme toute normale puisque ce programme a été implanté en 1991 et reformulé en compétences au tournant du XXIe siècle. Une première étape de cet examen a été franchie puisqu’une consultation des responsables des programmes universitaires de domaines associés aux sciences humaines a été réalisée. Elle a été menée grâce à une enquête par questionnaires et a donné lieu à un rapport déposé en octobre 2016 par le consultant Jacques Belleau intitulé : Le profil attendu par les universités de la part des diplômés du programme d’études préuniversitaires Science humaines. Un groupe de travail formé par le ministère se penche en ce moment sur ce rapport pour revoir l’orientation à donner au programme.
Le programme Sciences humaines constitue le programme le plus populeux du réseau collégial. Il représente près de la moitié des étudiantes et étudiants inscrits au préuniversitaire et environ 30 % de tous les cégépiens. Il se caractérise par de nombreux intervenants en provenance de disciplines très variées (une dizaine officiellement admise par le ministère). Les nombreux intervenants qui, de près ou de loin, vont jouer de leur influence dans ce dossier nous portent à rendre public notre propre constat. Nous sommes deux enseignants, l’un à la retraite, l’autre s’en approchant, qui se sont, au fil des trente dernières années, impliqués dans l’élaboration, l’implantation et le suivi du programme des sciences humaines. Nous avons occupé des postes de responsabilités au plan local comme au plan provincial pour mener avec succès la réforme majeure qui s’est effectuée en 1991 et dont il ne faudrait pas perdre les acquis.

Un peu d’histoire : le programme Sciences humaines version 1991
En 1989, un mini-colloque avait réuni, au Cégep Édouard-Montpetit, les Coordonnateurs provinciaux des disciplines des sciences humaines et leurs exécutifs respectifs (des professeurs du collégial représentant une dizaine de disciplines) et des représentants des départements des sciences humaines des universités québécoises. Les propos tenus par les universitaires à ce colloque ressemblaient étrangement aux conclusions des attentes actuelles des universités, si l’on se fie au rapport Belleau commandé par le ministère (Belleau, 2016). Les universitaires ne voulaient surtout pas que la formation collégiale en sciences humaines ressemble à une mini-spécialisation dans l’une ou l’autre de leur propre discipline universitaire, les départements universitaires de psychologie et de sciences de l’administration ayant été les plus fermes à ce propos. Ils voulaient au contraire que cette formation ressemble à une sorte de culture générale, à la fois disciplinaire et transdisciplinaire, axée sur l’« apprendre à apprendre ».
Le rapport actuel présente une position similaire : « Il s’agit d’acquérir les savoirs, les savoir-faire et les savoir-être permettant d’explorer et de comprendre les différentes facettes de l’homme et des sociétés humaines et, surtout, d’être en mesure de les utiliser concrètement » (Belleau, 2016, p. 16). En outre, la priorité de ce rapport va au-delà des sciences humaines puisque les universitaires souhaitent d’abord et avant tout, comme condition sine qua non à une bonne préparation à l’université, que les collégiennes et collégiens maîtrisent mieux la langue d’enseignement, en l’occurrence le français pour les cégeps francophones. Il faut préciser que, alors qu’ils étaient absents du colloque de 1989, les professeurs des départements des Sciences de l’éducation ont été les plus nombreux à participer à la récente enquête. C’est à la fois positif et symptomatique d’un problème systémique, le manque de maîtrise de leur langue d’enseignement et les effets négatifs sur le reste de leur apprentissage, déjà connu et qui ne peut se résoudre simplement en réformant le programme Sciences humaines.

Un programme bonifié, apprécié
Rappelons que le programme collégial Sciences humaines implanté en septembre 1991 a répondu en bonne partie aux attentes exprimées par les universités, qui alors comme aujourd’hui demandaient une formation à caractère plus général que spécifique. Avant cette réforme, le programme Sciences humaines était éclaté comme l’avait souligné le Livre blanc sur l’enseignement collégial en 1978. Il avait une très mauvaise réputation, qualifié tantôt de programme fourre-tout, de programme-cafétéria ou de programme de derniers recours. Il faut dire que les éléments du programme étaient laissés au bon vouloir de chaque administration locale, les préalables universitaires étant presque tous disparus au fil des ans. En 1991, la réforme du programme a constitué une petite révolution. Les faits saillants furent : un tronc commun de cours obligatoires à travers la province, un resserrement des choix de cours pouvant être dispensés, une formation contenant des cours transdisciplinaires (méthodes quantitatives, méthodologie de la recherche et activité d’intégration des connaissances acquises), une initiation obligatoire à l’histoire, à l’économie et à la psychologie et des profils de cours orientés vers l’individu, la société ou le monde, mais aussi vers l’administration pour répondre à une demande plus spécifique.
Cette refonte que l’on peut qualifier de majeure était le fruit de plusieurs années de concertation et de négociation entre les coordonnateurs provinciaux des disciplines de sciences humaines et le ministère. Ce travail en commun entre des disciplines, souvent concurrentes puisque s’adressant à une même population étudiante, a porté fruit. En se concertant, toutes les disciplines des sciences humaines y ont gagné par l’ajout de ressources axées sur l’enseignement des méthodes de recherche propres aux sciences humaines.
À un colloque d’universitaires en sciences de l’éducation, quelques années à peine après la réforme, ces derniers ont mentionné être désormais capables de distinguer les étudiants qui provenaient du programme Sciences humaines des autres programmes du collégial, les premiers étant mieux formés au regard de leur propre programme. Cette réforme des années 1990 a aussi été un succès, si on en juge par les propos actuels des universitaires puisque le rapport mentionne à cet effet : « un certain niveau de pertinence de la formation actuelle » (Belleau, 2016, p. 60). Le profil attendu des universités, comme présenté dans le rapport Belleau, semble confirmer que le virage entrepris vers une formation moins éclatée, composé notamment d’un tronc commun et de cours disciplinaires et transdisciplinaires, était le bon.

Le programme Sciences humaines version 2001
Le programme de 1991, à peine mis en marche, a été révisé et finalisé en 2001 par le ministère. Cette révision a consisté essentiellement en une « traduction » du programme en compétences. Cependant, au cours de cet exercice, les acquis de 1991 n’ont pas été remis en question. On a maintenu les cours de méthodologie ajoutés en 1991 et on a confirmé la place des disciplines psychologie, histoire et économie dans ce tronc commun. Le principal apport de la refonte de 2001 a été, en plus du maintien du tronc commun, d’insérer une séquence de cours à l’intérieur du programme ayant pour effet de recommander la mise en place d’un cours d’initiation disciplinaire avant de permettre l’accès à un cours plus avancé. La séquence initiation, application, approfondissement et enrichissement du devis ministériel de 2001, même si elle fut sujette à interprétation, elle semble avoir été respectée par une majorité de cégeps dans la fabrication de leurs grilles de cours (confirmé par une enquête interne menée par le Réseau des sciences humaines des collèges du Québec (RSHCQ). Elle contribue également à resserrer la qualité du programme et à éviter de tomber dans le piège du clientélisme et de la concurrence entre programmes et entre cégeps.  
La principale critique exprimée envers le programme actuel vise les libellés de compétence. Rédigés à une époque où cette approche n’était pas maîtrisée, plusieurs de ces libellés demandent à être clarifiés et rehaussés dans certains cas. Sur le plan des acquis, le renforcement de la dimension scientifique du programme fait largement consensus et on souhaiterait généralement qu’elle soit maintenue, voire bonifiée.

Bonifier le programme et en préserver les acquis
En éducation, l’une des habitudes connues lorsque vient le temps d’effectuer des changements consiste à faire table rase de ce qui existe, ou du moins de proposer un remède miracle issu d’une nouvelle théorie pédagogique… Le programme actuel a certes besoin d’une cure de rajeunissement, mais il demande surtout à être bonifié. D’ailleurs, dans le cadre de l’enquête interne menée par le RSHCQ, une majorité des répondants (une cinquantaine de cégeps y ont participé) souhaitent une réforme mineure. Même si la signification de réforme majeure et de réforme mineure n’est pas clairement définie, l’opinion exprimée confirme une satisfaction significative envers le programme actuel. Plusieurs des problèmes soulevés relèvent davantage de l’organisation locale des programmes. Le ministère a le devoir de veiller à mettre en place les conditions favorisant un programme de qualité dans l’ensemble du réseau collégial en poursuivant les efforts entrepris dans les années 90 pour bonifier ce programme encore quelque peu mal-aimé et sous-estimé dans l’esprit du public. Les professeurs de toutes les disciplines de Sciences humaines doivent unir leurs voix pour réclamer plus d’espace dans le processus de consultation actuel et s’outiller pour mener à bien cette importante opération. La concertation de 1991 a permis une augmentation des ressources affectées à la méthodologie. En 2001, une augmentation des heures d’enseignement a aussi été autorisée pour mettre à niveau ce programme et le standardiser… Que demander cette fois-ci ?

Distinguer enjeux locaux et nationaux
Comme mentionné, plusieurs des récriminations soulevées et des tensions existantes dans les programmes prennent racine dans la manière d’organiser le programme dans chaque collège. Derrière ces tensions, on retrouve des enjeux d’emploi, de tâches comme on dit dans le milieu, et ces enjeux ne doivent pas nuire à la bonification du programme. Le ministère a délégué aux cégeps une large part de ses responsabilités. Cependant, pour un programme aussi important, une direction nationale est probablement nécessaire pour une meilleure continuité de la formation entre les cégeps et les universités. En outre, le programme est défini nationalement et les problèmes occasionnés par son opérationnalisation sont laissés aux directions locales. Or, au premier chef, le ministère conserve la responsabilité de veiller à la qualité de ce programme, en y accordant des ressources suffisantes, mais aussi en veillant à lui insuffler une direction positive. En période de révision, il a aussi le devoir de consulter le milieu adéquatement et de bien évaluer les conséquences de ses choix pour tout le réseau collégial.
Les professeurs, pour leur part, ont la responsabilité de s’élever au-dessus de leurs intérêts disciplinaires et d’unir leurs efforts pour l’intérêt supérieur du programme et de sa population étudiante. Les autres parties interpellées par la révision de cet important programme, les directions des collèges notamment, doivent aussi suivre cette révision avec sérieux et cesser de traiter ce programme comme un parmi d’autres… Le programme Sciences humaines ne se compare à aucun autre. Le seul programme qui lui ressemble un peu est Sciences de la nature… et les différences restent notables. On a qu’à penser aux nombreux préalables universitaires caractérisant cet autre pilier des cégeps.
Il existe des solutions pour relancer et bonifier le programme Sciences humaines. Il faut faire l’effort de les identifier au-delà de la stricte réécriture du programme et de proposer aux cégeps locaux des idées pour mieux organiser les ressources et réduire les tensions. Par exemple, pour favoriser une culture générale et éviter la surspécialisation, une règle pourrait édicter qu’il n’y ait pas plus de deux ou trois cours par discipline dans ce programme au plan local. On pourrait aussi augmenter le nombre de disciplines obligatoires pour renforcer le tronc commun. Une autre hypothèse à explorer pour consolider le programme et poursuivre son renforcement serait d’ajouter plus de cours transdisciplinaires (multis) à caractère scientifique et méthodologique pour renforcer l’aspect scientifique du programme. On connaît aussi l’importance grandissante de la culture numérique dans toute formation d’avenir. On pourrait également renforcer la maîtrise de la langue en mettant l’accent sur la rédaction d’essais ou de rapports scientifiques. Les étudiantes et étudiants qui fréquentent le programme Sciences humaines écrivent beaucoup ! L’écriture scientifique constitue un genre de texte à valoriser et à intégrer explicitement dans le parcours de ce programme. On peut réfléchir aussi à augmenter le nombre de cours de 4 heures semaine, au lieu de trois, pour permettre un meilleur suivi des étudiantes et étudiants et favoriser une moins grande dispersion. D’autres solutions sont à imaginer et à tester, tout cela en n’oubliant pas de permettre aux étudiantes et étudiants d’exprimer leurs préférences et de choisir des cours et des profils signifiants et intéressants.
La discussion est ouverte. En espérant que ce saut dans le temps stimulera des débats fertiles !



Maurice Angers, ex-professeur au Collège de Maisonneuve et ex-coordonnateur provincial de Sociologie (1982-1992), ex-membre du Comité expert de rédaction du présent programme Sciences humaines au collégial (1999-2001).
Claire Denis, ex-responsable du Comité des enseignantes et enseignants du programme préuniversitaire Sciences humaines (2006-2013), ex-présidente du Réseau des sciences humaines des collèges du Québec (RSHCQ) (2011-2016) et professeure au Cégep de Sherbrooke.

mercredi 15 mars 2017

Colloque 2017: le programme

Le programme du colloque 2017, à l'auberge Le Baluchon, en Mauricie, est complété. Une affiche contenant ces informations est disponible ici.
 
Au menu:
 
·     Conférence d’ouverture: «Comment comprendre les médias à l’ère de Donald Trump et de la "post-vérité"», par Simon Tremblay-Pepin, professeur à l’Université St-Paul et chercheur associé à l’IRIS.
 
·     Conférence de clôture: «La pertinence des sciences sociales dans un monde anomique», par Yves Gingras, professeur au département d'histoire de l'Université du Québec à Montréal.
 
·     Panel de discussion: «Les sciences humaines dans les médias», avec Antonin Xavier-Fournier, Francis Langlois et Karine Prémont.
 
·     Réflexions et échanges sur la refonte du programme, sur la place des sciences et du qualitatif en sciences humaines, sur les mesures d’aide et sur les compétences en lecture et écriture de nos finissants.
 
Le programme détaillé sera disponible la semaine prochaine.

mardi 14 mars 2017

Révision des Sciences humaines: un groupe de travail a été formé

À la suite de l’appel de candidatures lancé par le Ministère dans le but de comparer les attentes des universités (malgré les critiques dont elles font l’objet…) et le programme actuel en Sciences humaines, un groupe de travail a été formé.
 
Six professeurs ont été choisis, représentant six disciplines différentes en sciences humaines: anthropologie, économie, histoire, science politique, sociologie et psychologie. La représentation régionale semble toutefois inégale: quelques professeurs sont issus de cégeps de la grande région de Québec, d’autres de la Mauricie, de l’Estrie et de Laval, mais aucun de l’île de Montréal. Les cégeps anglophones ne comptent également aucun représentant. Nous ignorons cependant combien de candidatures ont été soumises et comment elles étaient réparties.
 
Enfin, suivant les informations communiquées par le Ministère, ajoutons que « les travaux d'analyse comparative entre le profil attendu des étudiants à leur admission à l'université et le programme d'études Sciences humaines ont débuté le 20 février dernier et devraient se terminer à la fin de la session d'hiver 2017. Les enseignantes et enseignants, qui ont un engagement de confidentialité pour toute la durée des travaux, communiqueront le fruit de leur réflexion lors de la prochaine réunion du Comité-conseil et du Comité d’enseignantes et d’enseignants. Leur rapport sera ensuite diffusé dans le réseau. »
 
Au Colloque de juin prochain, il est prévu un atelier d’échanges et de discussions sur les travaux de ce comité.
 
RSHCQ

lundi 13 mars 2017

La révision du programme de Sciences humaines au collégial: un enjeu de taille

La révision du programme de Sciences humaines suscite bien des questionnements chez ses professeurs, notamment quant à la méthodologie et aux résultats de l’enquête auprès des professeurs d’université. En janvier, Dominic Roy, du Cégep régional de Lanaudière à Terrebonne, a fait part de ses réserves sur les orientations souhaitées par les universités.
Maintenant, c’est un groupe de professeurs du Cégep Édouard-Montpetit qui prend l’initiative d’écrire au Ministère: le rapport des universités contient des lacunes méthodologiques importantes et ses conclusions ne devraient pas déterminer la direction à suivre pour conduire à la révision des Sciences humaines. N’hésitez pas à déposer vos propres commentaires à la suite de ce texte. Ce texte est également paru dans Le Devoir, le 24 mars.
 
* * *
 
Le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES) travaille à la révision du programme de Sciences humaines au collégial. Ce programme est le plus fréquenté du réseau collégial. À titre d’exemple, au Cégep Édouard Montpetit, nous accueillons plus de 2000 étudiants.es en Sciences humaines, ce qui représente environ 30% de notre population étudiante totale.
 
La Direction de l'enseignement collégial public et privé (DECPP) a été mandatée pour mener ce projet à bien. Elle a commandé une étude dont les résultats ont été présentés l’automne dernier dans un document intitulé Le profil attendu par les universités de la part des diplômés du programme d’études préuniversitaires Sciences humaines. Cette étude présente les résultats d’un sondage réalisé auprès des départements de Sciences humaines, sociales et d’administration des universités québécoises. Rédigé avec l’objectif « d’établir le profil attendu par les universités de la part des diplômés du programme » (p. 4), ce document servira notamment au comité qui sera chargé d’examiner le programme actuel afin de faire des recommandations pour le réviser. Nous désirons vous faire part de certaines de nos réserves par rapport à ce document. Mis à part le mépris apparent que cette étude semble démontrer à l'égard de notre travail, nous sommes d'avis qu'elle n'est pas recevable et que la DECPP ne devrait pas en tenir compte dans la présente révision.
 
Une méthodologie insuffisante
Tout d’abord, nous constatons que le taux de réponse à ce sondage est plutôt faible (34,47%), ce qui est à notre avis plutôt inquiétant. Il l’est particulièrement pour les trois universités anglophones où un grand total de cinq répondants.es a participé au sondage, ce qui représente un taux de réponse de 8,77%. De plus, on ignore qui sont les répondants.es à ce sondage: professeurs.es, administrateurs.trices, directeurs.trices de département, secrétaires administratifs.ves ? Quelle crédibilité ont les résultats lorsque la participation est sur une base volontaire ? Est-ce que les personnes répondantes à ce sondage connaissaient bien le programme de Sciences humaines ? Étaient-elles au courant des différents profils entre les cégeps ? Hélas, nous n’en avons aucune idée et seul l’auteur semble détenir ces informations pourtant essentielles à l’interprétation des résultats. En plénière lors d’une présentation le 4 novembre 2016 à Saint-Augustin-de-Desmaures devant les coordonnateurs.trices de Sciences humaines de la province, celui-ci a explicitement refusé de fournir ces informations en se réfugiant derrière la notion de confidentialité.
 
L’importance de maîtriser des habiletés méthodologiques afin d’être préparé aux études universitaires est mise de l’avant dans ce rapport. Pour cette raison, nous offrons à l’auteur de l’étude de venir suivre les cours Initiation pratique à la méthodologie des sciences humaines (IPMSH) et Démarche d’intégration des acquis en sciences humaines (DIASH) dans lesquels nous enseignons à nos étudiants.es quelle méthode est la plus appropriée selon l’objectif recherché.
 
De fait, compte tenu des enjeux et de la visée de l’étude, il nous semble qu’il aurait été plus approprié d’utiliser une méthode de type descriptive.
 
Le manque de valorisation de la formation en Sciences humaines
Un autre problème important de l’étude est qu’elle considère comme homogène une population étudiante hétérogène. Pour entrer à l’université en Sciences humaines, il n’est pas obligatoire de détenir un DEC en Sciences humaines. Étonnamment, 92,86% des répondants.es à ce sondage affirment que la personne détentrice d’un DEC d’un autre programme est en mesure de réussir ses études dans un programme universitaire en Sciences humaines ou sociales. De plus, seulement 54,93% des répondants.es estiment que le DEC en Sciences humaines est celui qui prépare le mieux à l’université. Or, une partie des étudiants.es admis.es n’aura jamais bénéficié de cette formation, faute d’avoir obtenu un diplôme collégial en Sciences humaines ! C’est un problème fondamental. Il aurait fallu à tout le moins que les répondants.es puissent faire la distinction entre les étudiants.es qui ont suivi cette formation et les autres. C'est une faute méthodologique de taille.
 
Des attentes imprécises, voire utopiques
Un profil d’étudiant.e est donc attendu, mais qu’en est-il réellement ? Plusieurs éléments du rapport pointent du doigt un problème qui n’a pas de lien direct avec la formation offerte en Sciences humaines au cégep. La maîtrise de la langue et de la numératie sont nommées comme problématiques principales chez les étudiants.es universitaires. Pourtant, ils et elles ont bien réussi leurs examens de fin de secondaire. Des lacunes sont donc observées, mais est-il réaliste de pointer le réseau collégial comment étant seul responsable de cette situation ? D’autre part, des savoirs-être tels l’ouverture, la curiosité, l’esprit d’entraide, le respect, l’éthique, l’engagement et la rigueur sont nommés comme étant essentiels à la formation des étudiants.es en Sciences humaines. Nous sommes d’accord, ils sont importants et nous contribuons déjà à leur développement, notamment dans le cours porteur de l’épreuve synthèse en Sciences humaines. Mais est-ce la seule responsabilité des cégeps ? Comment opérationnaliser ces volontés spécifiquement, considérant qu’elles dépassent le cadre même de nos institutions ?
 
Une réelle mise en valeur
Les problèmes soulevés dans le document sont importants. Nous demandons à la DECPP de le considérer comme nul et de ne pas s'appuyer sur ses résultats dans la présente révision du programme des Sciences humaines.
 
Les professeurs.es de Sciences humaines au cégep sont bien outillés.es pour connaître les besoins des étudiants.es. La plupart d'entre nous détiennent une maîtrise ou un doctorat. Plusieurs font de la recherche. Nous reconnaissons qu’une solide formation en méthodologie est importante pour entreprendre des études universitaires. Mais cette méthodologie doit être particulièrement exemplaire lorsqu'on cherche à réviser un programme d'étude à l’échelle provinciale. Il aurait été souhaitable et fondamental que la DECPP nous consulte en amont de ce chantier si important. Nous espérons que cette révision ait lieu sur la base d'un savoir scientifique et d'une réelle mise en valeur des cégeps comme institutions d'enseignement.
 
Fait à Longueuil, le 20 février 2017
 
Ann Edwards
coordonnatrice du programme de Sciences humaines
et professeure d’économie, Cégep Édouard-Montpetit
Christiane Mignault
professeure d’anthropologie, Cégep Édouard-Montpetit
Bruno Massé
professeur de géographie, Cégep Édouard-Montpetit
Hervé Genge
professeur de psychologie, Cégep Édouard-Montpetit
François Lalonde
professeur de psychologie, Cégep Édouard-Montpetit
Valérie Blanc
professeure d’histoire, Cégep Édouard-Montpetit
Daniel Ayala
professeur d’économie, Cégep Édouard-Montpetit
France L. Renaud
professeure d’économie, Cégep Édouard-Montpetit
Jean-Pascal Larin
professeur de sciences politiques, Cégep Édouard-Montpetit
Martin Geoffroy
professeur de sociologie et directeur du Centre d’expertise
et de formation sur les intégrismes religieux, Cégep Édouard-Montpetit
Jean-Nicolas Pépin
professeur de mathématiques, Cégep Édouard-Montpetit
Nathalie Malo
professeure d’économie, Cégep Édouard-Montpetit
Diane Bond
professeure de psychologie, Cégep Édouard-Montpetit
Louise Bourbonnais
professeure de psychologie, Cégep Édouard-Montpetit
Janie Duchesnau
professeure de psychologie, Cégep Édouard-Montpetit
Josée Fiset
professeure de psychologie, Cégep Édouard-Montpetit
Nathalie Fréchette
professeure de psychologie, Cégep Édouard-Montpetit
Annie Guillemette
professeure de psychologie, Cégep Édouard-Montpetit
Chantale Lavoie
professeure de psychologie, Cégep Édouard-Montpetit
Anne Leblond
professeure de psychologie, Cégep Édouard-Montpetit
Paul Morissette
professeure de psychologie, Cégep Édouard-Montpetit
Line Rainville
professeure de psychologie, Cégep Édouard-Montpetit
Emmanuelle Roy
professeure de psychologie, Cégep Édouard-Montpetit
Sabine Sèvre Rousseau
professeure de psychologie, Cégep Édouard-Montpetit
Jade Vandenbossche-Makombo
professeure de psychologie, Cégep Édouard-Montpetit
Diane Venne
professeure de psychologie, Cégep Édouard-Montpetit
Johanne Yorksie
professeure de psychologie, Cégep Édouard-Montpetit
Stéphanie Chatigny
professeure d’économie, Cégep Édouard-Montpetit
Éveline Bousquet
professeure d’histoire, Cégep Édouard-Montpetit
Lysanne Couture
professeure de sociologie, Cégep Édouard-Montpetit
Mikhaël Dupuis
professeur d’économie, Cégep Édouard-Montpetit
Marie Wright-Laflamme
professeure de sociologie, Cégep Édouard-Montpetit
Louis Roy
professeur d’anthropologie, Cégep Édouard-Montpetit
Manuel Sépulvéda
professeur d’anthropologie, Cégep Édouard-Montpetit
Louis Lafrenière
professeur d’histoire, Cégep Édouard-Montpetit
Luc Giroux
professeur d’histoire, Cégep Édouard-Montpetit