lundi 3 octobre 2011

Qui sont les étudiants du programme de sciences humaines?


Peut-on affirmer que le programme Sciences humaines est  un refuge, un lieu de transition et d’attente pour trop d’étudiants peu motivés et indécis quant à leur orientation vocationnelle?
Excellente question que je me pose souvent. Qui est assis dans ma classe? Des étudiants motivés qui savent où ils vont? Des écartés tout mélangés? Des enfants immatures sur le party qui ont adopté la philosophie du carpe diem? Des rescapés d'autres programmes?

J'ai beau cherché dans la littérature un portrait des étudiants inscrits dans le programme de sciences humaines, je ne trouve pas grand chose.

Historiquement, nous savons cependant que les étudiants en sciences humaines sont nombreux! Ils représentent plus de 30% de la clientèle des collèges!  C'est évidemment le programme le plus populeux du collégial. Les tableaux de bord fournis par le MELS nous indiquent que leurs moyennes au secondaire est relativement bases et des écarts-types élevés indiquent une dispersion  plus grande des étudiants quant à leur force scolaire. Le taux de réussite des cours au premier trimestre des nouveaux inscrits et des nouvelles inscrites en sciences humaines est faible (54,3%). Moins d'un étudiant sur trois obtient son DEC dans la durée prévue (2 ans). Et pour en rajouter, seulement 57,3% des étudiants obtient son diplôme deux ans après la durée prévue. De plus,selon les données du tableau de bord, une nouvelle stratégie étudiante semble se dessiner. La proportion des étudiants qui obtient son diplôme dans les temps prévus diminue pendant que celle qui obtient son diplôme deux ans après la durée prévue augmente. Bref, les étudiants semblent prendre plus leur temps!

Les mutations sociales et culturelles qui s'accélèrent depuis 25 ans touchent les jeunes de plein fouet. Jacques Roy a traité abondamment cette problématique. Le mode de vie basé sur la consommation (cellulaire, MP3, sorties, divertissement...) amène les étudiants à travailler de plus en plus. Ils ont besoin de sous, de plus en plus de sous. On a même établi une limite du nombre d'heures de travail au-delà de laquelle on risque de perturber ses études :  15 heures par semaine. Les jeunes éprouveraient-ils de plus en plus de difficultés à préserver un équilibre entre le travail et les études?

Dans une enquête menée à Sherbrooke par mesdames Bousquet et Gingras en 2008, nous avons quelques pistes de réponse. 10% des étudiants qu'elles ont rejoints (n= 472 étudiants du cégep de Sherbrooke nouvellement inscrits à l'automne 2007) travaillaient plus de 20 heures par semaine! Par ailleurs, dans la même enquête, mesdames  Bousquet et Gingras s'inquiètent du peu d'heures consacrées aux études :

Quant aux heures consacrées aux études, elles devraient osciller entre 16 et 18 heures selon la pondération habituelle des cours. Nous pouvons observer que plus de la moitié des étudiants se retrouvent nettement au-dessous de cet écart, et ce, malgré le fait que l’enquête s’est déroulée entre la neuvième et la dixième semaine de la session, et que plusieurs examens et remises de travaux ont cours durant cette période.
Donc, beaucoup d'heures de travail rémunéré et peu d'heures d'études. Vraiment très difficile de préserver l'équilibre...

Par ailleurs, en vrac, mesdames  Bousquet et Gingras ont réalisé que:
  • seulement 72 % des répondants ont affirmé qu’ils en étaient à leur première inscription au collégial. D'où viennent les autres? C'est plus d'un étudiant sur quatre!
  • 77% des étudiants rejoints aiment leur programme.
  • 78% des étudiants rejoints veulent compléter leur formation dans le programme de sciences humaines.
  • 75% des étudiants rejoints sont préoccupés par leur orientation professionnelle.
  • 84% des étudiants rejoints affirment que leur orientation professionnelle a une influence sur leur motivation scolaire.
Voilà des pistes d'exploration intéressantes. Des classes éclectiques composées d'étudiants provenant de différents horizons mais qui apprécient tout de même le programme. Des classes composées d'étudiants indécis qui ne savent pas nécessairement quelle profession ils exerceront dans la vie mais qui aimeraient bien le savoir car cela augmenterait leur motivation scolaire.

***
Il faut forer davantage! On n'a pas beaucoup d'information sur le(s) profil(s)-types des étudiants en sciences humaines. Cela serait certainement très utile pour la préparation des activités d'apprentissage des profs oeuvrant dans le programme. À quand une recherche  à ce propos financée par PAREA ?

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